Entre Mai et Octobre, vous trouverez probablement des petits groups de cyclistes entourant la fontaine de Sainte-Marie-de-Campan, remplissant leurs bidons avec anticipation. D’autres sont assis, attendant leurs compagnions qu’ils ont laissé lors de la descente. Peu importe le côté que vous avez choisi pour attaquer le Tourmalet, vous passerez certainement par ce village.

Après que la neige ait été enlevée autour de la mi-mai, l’air est graduellement remplie par le rythme cadensé des chaines. Puis, une fois par an s’est le moment fou du passage de la caravane qui marque l’arrivée de la plus grosse course cycliste. Le chant des cigales et des vélos sont remplacés par les foules rauques, attendant d’applaudire les performeurs.

Le Tourmalet est une vraie montée de cyclistes. Avec un pied dans l’histoire, alors que de nombreux cols populaires sont polués par les bus et voitures de sports, le Tourmalet est relativement silencieux. Alors que certaines sections sont difficiles, elles n’atteignent que très rarement les 10 pourcents, mais au kilometre 19, c’est long depuis Luz-Saint-Sauveur.

Il y a une différence notoire sur la qualité des routes – reconnaitre que les Pyrénées ont une autre saveur que les Alpes. Moins d’épingles à cheveux, plus de changements de gradient, de longs tronçons avec des vues intimidantes de la tâche à venir.

Le plus grand défi est probablement la météo. Les temperatures peuvent dépasser les 40 degrés dans les virages les plus bas avant d’échapper à la chaleur de la vallée, et puis le même jour, il peut y avoir des grêlons de la taille d’une balle de golf. C’est cet inconnu qui rend le défi exhaltant et dicte si la descente vers Sainte-Marie-de-Campan sera appreciable ou juste froide.

Le Tournalet à fait apparition dans la Grande Boucle plus que toutes les autres montées de cols. Depuis plus de 100 ans le peloton passe par ce sommet. Ça a commencé par Alphonse Steinès et sa fameuse experience de la mort imminente (en dépit de quoi il a assure le fondateur du Tour, Henri Desgrange, que la route était praticable) avant sa première inclusion dans la course. Depuis lors, beaucoup ont rencontré des tribulations sur ces pentes pyrénéennes emblématiques.

En 1913, Eugène Christophe s’est lancé dans un trek de 326kms depuis Bayonne jusqu’à Luchon, défiant le leader de la course par 5 minutes. C’était un écart relativement peu important pour une étape aussi monstre qui a emmené les coureurs le long de ce qui est maintenant connu sous le nom de Route des Cols ; un grand huit sur l'Aubisque, le Tourmalet, l'Aspin et le Peyresourde.

Christophe s'est classé juste derrière le futur vainqueur Phillipe Thys et a été informé par les officiels de course qu'il était en route vers la tête du classement général. Mais lorsqu'il est parti à la poursuite du Belge, ses fourches se sont cassées - la ligne officielle était qu'il avait été heurté par une voiture, mais il a été dit plus tard que l’histoire avait été fabriquée de toute pièce pour maintenir la réputation de Peugeot et que les fourches avaient en fait cassés.

Les règles étaient claires, un coureur ne pouvait pas changer de vélo. Il a donc été contraint de le porter sur son épaule pour les 14 kms restants jusqu'à Sainte-Marie-de-Campan. Une fois sur place, il a été conduit chez le réparateur local où il s'est mis à réparer son vélo sous l'œil attentif des officiels de la course, car le règlement stipulait qu'un coureur doit faire ses propres réparations.

En suivant les instructions du réparateur local, Monsieur Lecomte, il a réussi à souder son vélo par lui-même. Peu impressionné par le manque d'empathie des organisateurs, lorsque l'un des responsables de l'encadrement demanda au commissaire si Henri Desgrange pouvait aller manger, Christophe cria en colère, 'Si vous avez faim, mangez du charbon....je suis votre prisonnier et vous resterez mon gardien...'.

En fin de compte, l'incident lui a coûté plus de quatre heures (y compris une pénalité de trois minutes pour avoir permis à un garçon de 7 ans d’utiliser le soufflet), mais il a fini septième. Une plaque se trouve maintenant à l'extérieur de la forgerie, et l'histoire reste légendaire dans le village.

Le (presque) pèlerinage annuel au Tourmalet a lieu à nouveau cette année, et alors qu'il est peu probable de voir Romain Bardet portant son vélo en descendant la montagne, des milliers de personnes passeront devant la plaque dans le petit village au pied de l'ascension, marquant ainsi l'une des performances les plus héroïques du Tour.

Pour en savoir plus sur les ascensions emblématiques autour du monde, consultez notre série Montagnes du Monde.

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VIA STRAVA

Photos : Antton Miettinen